En souvenir de l’association des Amazones voici l’histoire qui a conduit à sa naissance.
La plupart des Amazones masquent leur asymétrie.
Mais pourquoi ?
C’est par le biais d’expositions, de spectacles, de vidéos… et la création de ce site que l’association ouvre le débat et lève le tabou qui les entoure.
Origine de l’association
Annick Parent
Avant d’être moi-même touchée par la maladie, je n’avais jamais imaginé que je ferais un jour partie des Amazones, des femmes devenues asymétriques à la suite d’un cancer du sein. J’ai découvert cette population silencieuse en tombant dans le chaudron, il y a quelques années. J’ai raconté cette aventure dans « Itinéraire d’une amazone » (réédition 2e Editions, 2010). Confrontée à la maladie grave, j’ai eu envie d’éviter à d’autres ce que j’appelle les « violences surajoutées », celles de la maladie étant incontournables. Face aux hospitalisations, au diagnostic en suspens, à l’attente des résultats, aux traitements, on essuie tous les mêmes plâtres… et il n’y a pas de transmission. Chacun découvre ce que signifie que d’être tout à coup arraché à sa vie quotidienne et de dépendre du monde médical, d’être dans l’attente, l’insécurité, de voir sa vie suspendue…
Un diagnostic de cancer ? On change de monde.Ayant appris qu’il fallait m’enlever un sein, d’un naturel plutôt curieux, j’ai posé des questions, demandé à quoi j’allais ressembler, en attente de mots ou d’images qui me feraient découvrir ce qu’il allait advenir de moi. En vain. Je ne reçus ni mots, ni photos. J’avais beaucoup de mal à me représenter ce que j’allais devenir, j’étais face à un avenir incertain, à un imaginaire galopant, et rien pour m’éclairer.
J’eus la chance de voir des photographies en noir et blanc d’Art Myers. Des Amazones posaient tendrement avec leur conjoint, souriantes, témoignant d’un bien-être que je n’aurais jamais pu imaginer. Elles ont d’un coup ouvert mon univers. Il y avait donc un au-delà du cancer, un au-delà de l’ablation d’un sein, une vie agréable encore possible malgré cette perte ! Cette découverte m’a grandement facilité la suite. Cette chance, j’ai eu envie de la partager. J’ai souhaité que d’autres femmes aient, elles aussi, accès à ces images, bien loin des scénarios dramatisés que l’on entend trop souvent. La féminité, le charme, ne tiennent pas plus au nombre et à la perfection des seins qu’à la finesse de la taille ou la couleur des cheveux. Je ne nie pas la perte d’une certaine harmonie, mais l’asymétrie s’apprivoise, et si la perspective des opérations nécessaires pour recréer le volume disparu rebute certaines femmes, pourquoi s’en offusquer ?
A la recherche de partenaires pour concrétiser cette envie de faire changer les choses, j’ai rencontré Lillian Stirling à Strasbourg, qui, tout de suite, a adopté le projet. Deux artistes sensibilisées au sujet, Monique Riond et Sylvie Rabant, nous on rejointes pour créer « les amazones s’exposent » début 2007. Sandrine Pignoux, comédienne, nous a rejoint en 2008, et Bettina Granier, médecin, en 2010.
Monique Riond
Lillian Stirling
Sylvie Rabant
Sandrine Pignoux
Une différence qui peut être bien vécue
Chaque année, en France, environ 15 000 femmes atteintes d’un cancer du sein apprennent qu’elles vont subir l’ablation d’un sein.
Rien ne leur est dit de ce qu’elles vont devenir, de ce à quoi elles vont ressembler. Dans certains hôpitaux, on leur propose de faire une « reconstruction immédiate », qui consiste à substituer, au cours de la même opération, un sein remodelé chirurgicalement au sein malade. Ailleurs, on leur conseille de différer la « reconstruction », d’attendre quelques mois pour prendre leur décision.
Dans la presse française, les articles sur le cancer du sein concernent presque uniquement les femmes qui ont choisi de faire une « reconstruction », témoignages à l’appui, comme si les milliers de femmes qui ont un seul sein n’existaient pas ! Grâce à notre engagement, on commence à voir et à entendre des femmes qui, ayant accepté leur différence, ont retrouvé un équilibre, un bien-être. La prise de décision, difficile, ne peut se faire en connaissance de cause par manque d’informations sur le « devenir Amazone ».
C’est pour répondre à cette lacune que nous avons créé cette association, pour lever ce tabou en suscitant le débat par des expositions, des vidéos suivies de discussion, un spectacle de texte-lu etc.
Cette différence ne doit plus être cantonnée au secret, le grand public ainsi que le corps médical doivent prendre conscience que, quelque temps après la maladie, elle peut être tout à fait bien vécue.
Un site de partages et d’échanges
Découvrir des artistes qui ont travaillé sur le corps asymétrique, la question de la norme et des critères de la beauté féminine…
Lire les témoignages d’Amazones, découvrir leurs photos…
Lire des écrits qui ouvrent des portes de réflexion…
Donner en partage vos cheminements singuliers…
Découvrir des Amazones de différents pays…
Créer une solidarité !